Nicolas Roux, le roi de la cyclosportive s’est lancé un défi fou. Faire le tour du Mont-Blanc, en solitaire et à bicyclette. Avec le soutien de Mavic, le chroniqueur de La Gazette des Sports a couvert 334 kilomètres en 12 heures et 13 minutes. Le record, établit en groupe, reste de 11h50. Pour vous, Nicolas Roux revient sur sa préparation, ses douze heures de vélo, ses doutes, ses forces et ses faiblesses. C’est dans Roux Libre – La chronique.
«Ça fait un moment que j’avais ce record dans la tête. Avec les saisons, je ne trouvais jamais le temps idéal pour pouvoir poser la date de ce fameux Tour du Mont Blanc, à vélo et en solitaire. Surtout qu’un tel périple nécessite une préparation particulière. Qu’il faut planifier. Cette année, Mavic fête ses 125 ans et cherchait quelque chose de particulier à faire. Un défi à relever. Quelque chose qui marque les esprits. Étant donné que je suis sponsorisé par Mavic, ce fût l’occasion de me lancer dans ce défi. Et Mavic m’a suivi tout au long de mes 334 kilomètres. J’ai pu bénéficié de leur logistique et de leur soutien.

Ma préparation a été perturbée. Je suis tombé lors du Tour du Piémont Vosgien, une épreuve Elite Nationale FFC, fin Avril. À ce moment-là, j’ai cru que c’était mort pour le record. J’ai évité de justesse la fracture de la hanche. Je m’en suis tiré avec un simple hématome. Mais je l’ai gardé au moins trois semaines. Dès que je faisais deux heures de vélo, je boitais. J’ai douté. J’avais du mal à revenir en forme. Je ne pouvais ni marche ni pédaler normalement. J’ai tenté de faire mon retour sur le Tour du Chablais mais la douleur était trop intense. J’ai dû abandonner. C’est dommage, ça m’aurait fait engranger des kilomètres avant le Tour du Mont-Blanc. Là, j’ai commencé à me dire que je ne pourrai même pas tenter le record. Mais ensuite j’ai effectué une sortie de 8h30. Je sentais enfin que l’hématome se résorbait. J’étais soulagé.
Certes j’ai eu une préparation plus courte que prévue mais je ne pense pas que ce soit à cause de ça que je n’ai pas battu le record. Le Jour-J, j’avais de bonnes sensations. Moi, je bosse à plein en temps, au CERN, en Suisse. (Lire précédente chronique) Mes seuls entraînements ce sont les aller-retour au boulot, en vélo. Deux fois trente kilomètres par jour. Lorsque les jours rallongent, je rallonge aussi. Les week-end précédent ma tentative de record, je planifiais une sortie de plus de huit heures. Avec des cols et beaucoup de dénivelé. Je m’entraînais sur le plan de la nutrition. Voir la quantité de bidons et de nourriture nécessaire. Observer comment mon corps réagissait. Je faisais souvent ça le samedi. Comme ça le dimanche, je me reposais auprès de ma famille et de mes proches. Et le lundi, je repartais au travail en vélo…

J’avais prévu de faire ça tout les week-end du mois de mai. Mais avec la chute, j’ai avisé. Je n’ai fait que deux gros week-end d’entraînement. Une fois 230 kilomètres en 8h30. L’autre fois, 263 kilomètres. Environ 8h40 de selle. À 30 kilomètres par heure de moyenne. Je me suis alors dit que je retrouvais les sensations. Et puis mes sorties ne sont pas plates. Je faisais toute la traversée du Jura. De Bellegarde à Neuchâtel.
La dernière semaine avant l’objectif, j’ai récupéré. Il me fallait accumuler les glucides. Manger un peu plus. Enchaîner les petites sorties tranquilles, sans forcer. Il n’y a que le vendredi précédent l’échéance où je me suis débloquer. Je me suis mis en tête une dernière fois le parcours entre les Saisies et Argentières.
Le parcours, je le connaissais par coeur. Je suis l’ambassadeur de la station des Saisies. J’avais déjà réalisé le Tour du Mont Blanc par deux fois, mais par étapes. Du coup, lundi (2 juin, NDLR), au moment de partir, je n’avais pas de craintes. Je partais simplement dans l’inconnu. Le matin je me suis dit : «On va voir». C’est ça qui était bien. S’ouvrir de nouveaux horizons. De cette expérience, j’en garderai des souvenirs inoubliables.»
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Par Nicolas RouxPropos recueillis par Josselin Riou
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