«Eurosport Inside» 3 : La légende de Roubaix s’écrit sous mes yeux

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«Eurosport Inside» 3 : La légende de Roubaix s’écrit sous mes yeux

Nous sommes le dimanche 13 avril 2014. C’est le grand jour. Jour de course. Il n’est que huit heures, mais une boule me serre le ventre. Comme si j’allais courir ! Heureusement pour mes petites jambes et mes bras fluets, je regarderai tout cela depuis ma télévision. Durant la nuit, j’ai rêvé passer ma journée aux côtés de Flecha et Lemond. Mais en arrivant à la table du petit-déjeuner, je me rends compte que ce n’était pas un rêve… En fait si. Le rêve devient juste réalité.

Greg&moi

Lemond intègre les casquetteurs !

Dès le matin, Greg Lemond est en pleine forme. Idem pour Juan-Antonio Flecha. «Oh le stagiaire vient t’asseoir ici.» Oui la flèche, j’arrive. Pour ce dimanche, je chausse une nouvelle paire de lunettes, les blanches, et une nouvelle casquette, la Renault – Elf. Une casquette collector. Greg n’arrive plus à mettre la main dessus. Depuis la fin de sa carrière, c’est la seule qu’il n’a jamais retrouvé. L’occasion pour moi de lui rendre l’un des plus grands souvenirs de son époque. «Tu la trouves belles ma casquette Greg ?» L’Américain acquiesce. «Je te l’offre. C’est pour toi.» Alors là, le triple vainqueur du Tour de France, double champion du monde, champion des champions se transforme en un enfant émerveillé. Ému de pouvoir porter de nouveau la casquette de son premier contrat pro.

Pas le temps de traîner ! On court pas, mais quand même, il est temps de prendre la direction de Roubaix. Et de son fameux vélodrome. Le plus célèbre du monde peut-être… Il est à peine 11 heures. Certains spectateurs arrivent déjà dans l’entre roubaisienne. Les drapeaux flamands sont de la partie. Tout comme son amie la bière. Les bonnes ambiances de classiques ! Du côté d’Eurosport, ça ne chôme pas. Flecha et Lemond doivent passer en direct dans l’avant-course. «Lemond On Tour» propose aux téléspectateurs des images inédites. Ainsi que des expertises de professionnels.

La course dans la coursehommag

Depuis le car régie, j’observe tout. Je n’en loupe pas une miette. Des tas d’écrans. Des tas de micros. «Tu m’entends ? Eh Mich, ils m’entendent pas sur le plateau.» Des petits réglages techniques. Ce n’est encore que la répétition. Le «live» ce sera plus tard. A 13h30. Entre temps, on mange un bout. Rapidement car il ne faut surtout pas louper le passage de la Trouée d’Arenberg. Lemond et Flecha se souviennent à quel point ce secteur pavé est crucial dans Paris-Roubaix.

Il ne court plus, mais Juan-Antonio vit la course. Devant la télé, toute l’équipe d’Eurosport se réunit. Laurence, la chef du cyclisme, calepin à la main, note tous les moments importants. Stefano, le rédacteur en chef, ne tient pas debout. Sa chaise attitrée reste toujours vide. Debout. A droite, à gauche. Il garde un oeil sur tout et ne loupe rien de la course. Greg et Kathy Lemond, assis côte à côte se remémorent les souvenirs de Roubaix à chaque image. À chaque secteur pavé. Patrick Chastagner, le mécanicien et ami de toujours de Greg est à ses côtés. Roubaix, comme toutes les autres courses, il le connaît par coeur. Juan-Antonio, lui, vibre. C’est presque comme s’il était sur le vélo. Ou qu’il pouvait gérer des coureurs à distance. Il les encourage. Tremble pour eux lorsque ça chute. S’émerveille lorsque ça attaque.

Juniors ou élites. Roubaix vibre d’une seule voix

En plein après-midi, le vélodrome se réveille. Le speaker annonce l’attaque de l’Italien Filipo Ganna à vingt kilomètres de l’arrivée chez les juniors. Les quelques transalpins deviennent hystérique. Ce sont finalement les Danois qui vont sauter de joie. Alors que le grand écran retransmet l’épreuve des professionnels, les coureurs juniors investissent le vélodrome. Magnus Bak Klaris entre en tête. Derrière lui, à moins de cinq secondes, vingt coureurs dont quatre français. Ils lancent le sprint. La tension est à son comble mais Magnus Bak Klaris peut savourer sa victoire de prestige. Son compatriote Casper Philipp Pedersen prend la deuxième place offrant un doublé au Danemark. Le Belge Enzo Wouters, complète le podium. Les Français Valentin Madouas, Damien Touzé, Corentin Ermenault et Etienne Fabre terminent 4e, 5e, 7e et 11e. Une épreuve de Coupe du Monde légendaire. Et pourtant, les journalistes se font rares. Les officiels me bloquent même l’accès… Sympathique madame !

Pendant ce temps-là, Niki Terpstra s’en va. Derrière ça se regarde. Stefano, Greg et Juan-Antonio doivent monter en plateau. Mais l’âme du coursier de Flecha l’empêche de quitter sa chaise. Il veut voir si son ami Fabian va répondre. Il visionne la fin sur écran géant. Le stress de l’arrivée monte en lui. Le vélodrome entre en ébullition. A chaque attaque les supporters de Boonen, Cancellara ou Sagan s’enflamment. Mais c’est bien Tersptra qui entre seul en tête pour couvrir les 400 derniers mètres de la reine des classiques. Il peut savourer. Le public lui offre l’ovation qu’il mérite. En franchissant la ligne, le Néerlandais n’en rajoute pas. Sa joie se ressent lorsqu’il tombe dans les bras de sa chère et tendre. Derrière, les coureurs se succèdent, les uns après les autres.

juniors poodium

Ce n’est qu’un au revoir…

L’euphorie redescend. Les spectateurs s’en vont une fois la cérémonie protocolaire achevée. Des centaines puis des milliers de personnes. Nous, nous restons encore dans les travées du vélodrome. Il redevient vide. Comme le matin. Comme la plupart de l’année. C’est fini. On se rend alors compte de la grandeur de l’événement. De son caractère éphémère aussi. Après une ultime photo de famille, d’ores et déjà affichée en quatre par trois dans mon appartement, nous rentrons à l’hôtel. A la sortie du vélodrome, un bar fait le plein. On y entend les chants de supporters. Florian Sénéchal, le nordiste de chez Cofidis repart à pied. Lui, l’enfant du pays.

groupe

A l’hôtel, l’équipe trinque une dernière fois. La fatigue se lit dans les yeux de l’équipe d’Eurosport. Certains prennent le chemin du retour en voiture. D’autres en train. Tous rentrent à Paris. Greg Lemond et l’équipe de «Lemond Of Cycling» resteront un jour de plus. Avant de partir, Lemond me signe un petit souvenir. Un maillot Renault – Elf d’époque. Des mots gravés à jamais. «Merci beaucoup pour ce week-end Josselin. On se voit sur le Tour petit casquetteur ?» m’interroge Kathy Lemond. Là, personne ne sait répondre. L’avenir nous le dira. Et si «Eurosport Inside» avait un avenir ? Un épisode 4 ? Loin des pavés du nord. Sous le soleil et la chaleur de juillet. Alea jacta est.

phm

PS : Samedi au soir, nous apprenons une triste nouvelle. Pierre-Henri Menthéour est décédé. L’ancien coureur cycliste, équipier de Greg Lemond chez Renault s’était reconverti en tant que journaliste reporter d’image. Présent chaque été sur les routes du Tour de France avec Eurosport, il était aussi un reporter de guerre émérite. Récompensé pour ses travaux, il était respecté. Depuis quelques temps, un concours de casquetteurs est organisé, avant tout pour le divertir. C’est aussi dans ces moments-là, de douleur, que l’on voit une équipe se souder. Une belle preuve d’amitié mais aussi de solidarité entre des collègues.

Par Josselin Riou
@Josselin_Riou

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