Un cycliste professionnel français interdit de Championnat de France par la fédération

Tom_Bossis_Tusnad_Cycling_TeamIl est professionnel mais pour la Fédération Française de Cyclisme, Tom Bossis, 21 ans, n’existe plus. Ancien coureur du CR4C Roanne, de Chambéry Cyclisme Formation puis de Saint-Etienne Loire, le Rhonalpin s’est exilé en Roumanie. Désormais professionnel au sein de la modeste formation continentale Tusnad Cycling Team, Tom Bossis espérait prendre le départ du Championnat de France, ce dimanche à Chantonnay. La fédération en a décidé autrement.

Dans le cyclisme, il existe trois niveaux d’équipes professionnelles, selon le règlement de l’Union Cycliste Internationale. Les équipes World Tour, type Sky ou Astana. Les formations Continentales Pro, comme Cofidis. Et enfin les Continentales, que sont en France Auber 93, Roubaix Lille et Marseille 13. Si les coureurs de ces trois niveaux pourront participer aux France, Tom Bossis, lui, en a été interdit.

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Troisième en partant de la gauche, Tom Bossis a participé au dernier Tour de Nouvelle Calédonie (DR)

Depuis maintenant un mois, cet habitué de l’exotisme et des voyages, qui a notamment disputé le Tour du Sénégal, en Avril, et le Tour de Nouvelle Calédonie, l’an passé, évolue sous le maillot roumain de Tusnad. Auprès des instances internationales, Tom Bossis est un coureur professionnel. Ses équipiers, roumains, hongrois ou ukrainiens, eux, disputent ce week-end leurs championnats nationaux sans aucun problème. Mais Tom Bossis, lui, en a été interdit.

Simplement parce que la France est un pays compliqué, comme l’ancien coureur de l’ECSEL le raconte sur son site internet, sisbos.fr : « La France est le seul pays au monde à imposer un statut interne particulier à l’échelon continental. Partout ailleurs, on estime que le règlement de l’UCI est suffisant. » Mais le comble réside dans le fait que la FFC a bien enregistré Tom Bossis comme un coureur professionnel puisqu’elle l’interdit formellement de prendre part aux courses amateurs. « Aux yeux de la FFC, je n’existe même plus. » ajoute l’intéressé.

De retour en France, Tom Bossis avait monté le Galibier avant Chantonnay. Du moins l'espérait-t-il. (DR)
De retour en France, Tom Bossis avait monté le Galibier avant Chantonnay. Du moins l’espérait-t-il. (DR)

Plus que la polémique, c’est le débat et le changement que souhaite insuffler Tom Bossis. Du haut de ses 21 ans, le jeune homme pense aussi bien qu’il pédale. Lucide, il sait très bien que sa présence à Chantonnay n’aurait pas changé la face du monde, ni celle de la course d’ailleurs. De ses voyages à travers le monde, « Sisbos » a découvert de nouvelles façons de voir et pratiquer le cyclisme. Totalement différentes de la France. Il pointe du doigt le système français.

« Le drame, c’est que la France n’est plus le centre du monde du cyclisme. Actuellement, chez les jeunes coureurs cyclistes aspirant au haut niveau, il faut faire un choix : soit on reste en France, et on se ferme au reste du monde ; soit on s’en va à l’étranger, et on disparaît purement et simplement du milieu cycliste français. Ce n’est pas normal, et la France est le seul pays au monde à fonctionner de cette manière. »

Plus tôt dans la saison, l’ancien junior du CR4C Roanne évoquait déjà le statut du cycliste professionnel en France. C’était au moment du passage de l’équipe cycliste de l’Armée de Terre chez les pros. Ce fameux passe-droit offert aux militaires. Lui, plaide l’ouverture. En appliquant de nombreuses contraintes aux équipes continentales, elles ne sont plus que trois en France. Contre 10 en Belgique. 11 au Japon. Quid d’un pays, la France, que l’on dit terre de cyclisme. Non pas que l’herbe soit plus verte ailleurs, car toutes les équipes ont leur lot de contraintes et d’inconvénients. La réglementation française, qui vise à protéger les coureurs en leur offrant, entre autre, une protection sociale et un salaire minimum, étouffe et contraint davantage les structures professionnelles et les coureurs. Le changement, c’est maintenant ?

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